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Le blog de Virgul
23 août 2007

consigne 52

Brouillard sur Vénus

« Ce que je venais de dire à la vieille marquise Guy de Ruy était l"exacte vérité ».

C’est sur cette dernière phrase qu’Henri referma son livre et se mit à rêvasser en regardant distraitement défiler le paysage.

Décidément se dit-il, du temps de la marquise tout était plus simple.

Entre hommes et femmes, les rôles étaient bien définis et clairement attribués. Les attentes mutuelles, pas très ambitieuses sans doute, étaient faciles à satisfaire. Et au niveau de l’identité des genres, chacun s’y retrouvait : une femme était comme ceci et un homme était comme cela. Point.

Simple, mais injuste pensa Henri en se replaçant sur la banquette du train. Les femmes en obtenant le droit de vote ont eu raison d’esquinter les remparts des privilèges masculins. Heureusement, se dit Henri, beaucoup de brèches sont maintenant ouvertes ! Et je n’aurais pas voulu vivre, comme homme, du temps de la marquise.

Plus libres et indépendantes, les femmes sont aujourd’hui émancipées. Les hommes devraient y trouver leur compte grâce à des relations hommes femmes, plus riches et équilibrées.

Et pourtant il y a malaise, pensa Henri.

Il stagne comme un brouillard qui empêche l’embellie, les attentes d’être tenues, les hommes et  les femmes de vraiment se trouver.   

Au lieu de profiter du grand bleu, on patauge dans la culpabilité !

Celle de Louise qui travaille et qui culpabilise de ne pas consacrer assez de temps à ses petits bouts. Celle d’Annick, qui reste à la maison et qui culpabilise de n’avoir ni statut social, ni rien à raconter. Celle de Vincianne, qui ne se sent pas belle et qui s’écarte de Paul qui l’embrassait dans le cou. Culpabilité de se plonger dans un sudoku alors qu’il faut vider le lave vaisselle !

Elle se décline à l’infini, sous autant de formes que toutes les femmes sont différentes.

L’exacte vérité, madame la marquise, c’est que la culpabilité est plus le propre de la femme que celle de l’homme. Sur Vénus, on ne réconcilie pas bien encore ce que l’on est avec ce que l’on voudrait être. Sur Mars, cela fait des siècles que nous avons déjà été.

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