Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog de Virgul
2 mars 2008

Consigne 63

Errance

J’ai sorti mon cahier à couverture rouge de mon grand sac  et je me suis assis en face de la grille condamnée, fasciné par le nœud constitué de la chaîne lourde et des deux cadenas puissants qui en interdisaient l’ouverture.

La grille, rouillée, était ancienne alors que les cadenas - la brillance encore présente du métal en témoignait -  étaient récents.

Comme si le présent voulait interdire l’accès au passé.

Ce qui m’intriguait, me choquait même, c’était la violence de cette interdiction !

L’épaisseur des maillons et des anneaux, l’éclat froid des courbes d’acier enchevêtrées, signifiaient ostensiblement une interdiction ferme, définitive, irrémédiable.

Mal à l’aise, je notais dans mon cahier : « Quelqu’un d’aujourd’hui a décidé froidement d’interdire la rencontre du présent et de son histoire ».

A peine avais je écrit ces mots que je perçus l’ampleur de leur horrible signification !

Comment le présent pourrait-il vivre sans son passé ?

Pire que la séparation d’un enfant de sa mère, le présent n’est rien sans son histoire.

Décroché, suspendu, il n’a aucun début.

Amputé de son origine il est condamné à errer sans aucune identité, sans base ni aucune construction possible, aucune racine pour le retenir, pour l’ancrer.

Ballotté de toutes parts il se heurte aux évènements sans rien pouvoir interpréter ni comprendre.

Un présent sans son passé a pour unique destin de SUBIR.

Quelle horreur !

Encore étourdi par la gravité de ce que je venais de réaliser j’ajoutai dans mon cahier : « C’est un crime ! ».

Publicité
Publicité
Commentaires
Le blog de Virgul
Publicité
Derniers commentaires
Publicité